Nous, oui, nous les piétons, soit la totalité de la population y compris les usagers d’engins roulants qui sont aussi piétons même à temps partiel.
En 2023, pour 223 cyclistes tués sur la route, 438 piétons ont perdu la vie dans les mêmes conditions [i] : c’est nous, et nous, et nous !
Pourtant les piétons restent muets, les projecteurs médiatiques s’en détournent alors qu’ils éclairent jusqu’à l’aveuglement la mort d’un cycliste [ii].
Certes, cette récente victime a été « assassinée » par un excité du volant.
De ce cas particulier, exceptionnel, nait une vague d’empathie pour l’usager de la Petite Reine devenue la Grande Impératrice, une revendication tous azimuts d’une protection renforcée des cyclistes présentés comme les victimes expiatoires de la jungle notamment urbaine.
Des piétons, victimes urbaines pas un mot ou de rares allusions comme une excuse d’en dire si peu.
Et pourtant :
Si en 2023,
- 11 792 cyclistes ont été blessés (avec tiers impliqué)
dont 934 gravement - les piétons blessés ont été 17 000
dont 2 000 gravement
Si toujours en 2023,
- 212 cyclistes ont perdu la vie sur les routes (avec tiers)
dont 109 en agglomération - c’est 439 piétons qui sont morts sur les routes
dont 307 en agglomération et en majorité (213) dans des périmètres dédiés, protégés :
– 119 sur passage piéton
– 64 à moins de 50m de tels passages
– et 30 sur un trottoir [iii]
Le cycliste peut-il mobiliser plus qu’il ne le fait aujourd’hui l’attention de tous, l’admiration de nos édiles, la sollicitude et même l’encouragement des autorités.
On déroule pour lui le tapis de bitume en restreignant au moins que minimum l’espace des autres usagers.
Mais pire encore on règlemente sa progression dans la perspective de développer la « fluidité de son parcours » au mépris des règles qui s’imposent aux autres :
- parcours cyclables à contre sens des rues dites à sens unique. Pour sa sauvegarde le piéton traversant doit être pourvu d’un regard périphérique affuté.
- voies cyclables dédiées, aménagées sur les trottoirs : le piéton qui a réussi avec succès l’épreuve de la traversée d’un boulevard se croit enfin à l’abri en mettant le pied sur le trottoir opposé, gare à lui, car son pied se pose sur une piste cyclable, parcourue dans les deux sens, par des vélos sans obstacle lumineux (fluidité impose).
- autorisation (ou tolérance devenue pour ses bénéficiaires un droit absolu) de franchir les intersections en ignorant la signalisation lumineuse : le piéton ne peut plus s’engager dans la traversée de la chaussée en se croyant protégé sur ce passage pourtant ainsi qualifié.
Il se questionne sur le privilège de l’autorisation de passage.
Lui, doit prévoir au côté des voitures immobilisées (entre elles quelques fois) l’irruption possible en « loucedé » d’un vélo en pleine vitesse n’ayant d’yeux que sur son parcours mais pas un regard pour le fantassin de la rue.
Car cette attention quasi maternelle à l’égard des vélos fait bien de nous tous, piétons, des fantassins expédiés en tête de bataillon, pour affronter le combat, dépourvus de toute protection, n’ayant que nos corps à offrir au choc qui les attend… Pour assurer la Sainte Fluidité du parcours cycliste.
A quand l’obligation du port du casque, ou mieux encore d’une armure, pour le piéton à qui incombera le devoir de se protéger face à un agresseur, pédaleur casqué, vainqueur toujours adulé puisque progressant vert, il sauve la planète et comme pour Prévert « les honnêtes gens qui font la chasse à l’enfant » les vélos verts feront « la chasse aux passants ».
Je n’ai parlé que de l’utilisation du permis de chasse délivré par les autorités aux cyclistes. Il y a aussi les braconniers des trottoirs que pour ma part je n’ai jamais vus, sanctionnés ou même interpellés.
Ils arrivent, silencieux, derrière le piéton innocemment assuré de sa sécurité sur un trottoir.
Dépourvu de rétroviseur et d’une paire d’yeux occipitale, le trottinant piéton se croit autorisé en toute impunité à risquer un pas de côté : fatale erreur. Il se trouve alors sur le passage du 2 roues à la trajectoire rectiligne, et c’est la sanction : le fragile pot de terre n’a pas résisté au cyclo métallique.
En 2023, les vélos ont provoqué 287 accidents de piétons en agglomération, soit d’avantage que chaque catégorie de 2 roues motorisées, ainsi que les PL et les bus et autocars.
Seul les véhicules utilitaires (766) et de tourisme (5 169) les dépassent, dans cette triste et macabre comptabilité.
À Paris en 2020 (dernières statistiques connues) :
- 1 041 piétons ont été accidentés
dont 15 tués
et 78 blessés gravement - Pour les cyclistes :
1 030 accidentés
dont 8 tués
et 42 blessés gravement [iv]
En 2023, les vélos ont provoqué 287 accidents de piétons en agglomération, soit d’avantage que chaque catégorie de 2 roues motorisées, ainsi que les PL et les bus et autocars.
Seul les véhicules utilitaires (766) et de tourisme (5 169) les dépassent, dans cette triste et macabre comptabilité.
À Paris en 2020 (dernières statistiques connues) :
- 1 041 piétons ont été accidentés
dont 15 tués
et 78 blessés gravement - Pour les cyclistes :
1 030 accidentés
dont 8 tués
et 42 blessés gravement
- [i] – [iii] – [iv] Données issues de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), La sécurité routière en France, bilan de l’accidentalité de l’année 2023 (septembre 2024) et de L’observatoire parisien des mobilités, le bilan des déplacements en 2020 à Paris, Mairie de Paris – Direction de la voirie et de déplacements
- [ii] – Cf 2 articles parus dans le Monde du 16 octobre 2024, Cycliste tué à Paris, itw Alexis Frémeaux – Un cycliste tué par un automobiliste à Paris à la suite d’un différend.